Combertault 21200

Combertault est un village intéressant à plus d’un titre : par son ancienneté, par son histoire et par sa situation géographique qui réunit, sur le finage communal, une partie basse baignée par les eaux ombreuses de la Bouzaize, et une partie haute qui rejoint la croupe s’élevant à partir de la gare de Levernois jusqu’au lieudit d’Ambonne à Sainte-Marie-la-Blanche. Ce relief inattendu confère à ce village de plaine un charme particulier[1].

En 1993, la commune adopte un blason particulièrement intéressant, création du Centre français d’Héraldique :

« Ecartelé : au premier d’argent aux trois croisettes de sable, au deuxième et au troisième d’azur aux trois heaumes de profil d’or, au quatrième d’argent aux trois pals de gueules et au chef soudé d’or chargé de trois coquilles de sable« 

Histoire du lieu

Le territoire de Combertault fut occupé par d’importants domaines gallo-romains, comme celui de Sainte-Marie-la-Blanche qui le borde au sud. Charles Bigarne[2] nous renseigne sur les structures de cette époque :

Le finage de Combertault était traversé par deux voies romaines : la première, dirigée est-ouest, était un diverticulum, un embranchement du chemin pavé reliant Autun à Besançon. Il quittait la voie d’Autun au niveau de Mavilly et arrivait par Bouze au faubourg St Martin. Il suivait ensuite le faubourg St Jean et le chemin de Challanges en passant près de Bretenay et arrivait à Combertault par les climats du Meix-Fortin, des Angeliers et du pré de la Pourouse. C’est dans cet endroit que des monnaies d’or ont été trouvées :

« Le 4 juillet 1803, on trouva dans une ornière que l’eau avait découverte, sur un chemin qui passait près de l’église, un pot de rosette fort mince, renflé par le bas mais sans pied, haut de sept pouces, contenant un grand nombre de médailles d’un or très pur portant, d’un côté, l’effigie de Valentinien III et sous ses pieds le mot CONOB, d’autre côté un génie tenant de la main droite un bâton croisé et sur la main gauche une petite figure de la Victoire avec la légende VICTORIA AUGG, d’une valeur en tout de 40 000 francs »[3]. C’est la découverte fortuite de ce vase rempli de pièces d’or datées de l’époque gallo-romaine tardive : entre 395 et 456 après J.C., qui confirme une occupation du lieu antérieure aux invasions burgondo-franques.

Le chemin poursuivait ensuite vers Aignay et Chevigny en Vallière, jsuqu’à Palleau où elle rejoignait la grande voie militaire de Lyon à Trèves. Un autre diverticulum venait des montagnes de l’arrière-pays en passant par Pommard, la Motte de Montagny et l’ouest de Sainte-Marie-la-Blanche, longeait le climat des Pierrées et arrivait à la ferme détruite d’Ambonne, ou plutôt Dame-Bonne signalé par Courtépée[4] comme le site d’un sacellum (petit sanctuaire) consacré aux déesses-mères protectrices des chemins et des cultures. En 1781 furent trouvés différents objets : les débris d’un autel aux dieux lares, 2 Mercures, une Pallas de très fine facture, un amour, une Diane, une Victoire-  la plus belle de toutes ces pièces – un petit autel octogonal. Ces vestiges attestent bien d’une occupation gallo-romaine assez dense dans une région prospère.

Dans sa Topynymie générale de la France,  Ernest Nègre indique que le terme court signifie ferme en langue d’oïl, associé au nom du propriétaire, Bertault ou Berthold, d’origine germanique. Le premier possesseur de Combertault fut donc probablement un vassal des rois burgondes.

Ci-dessus : vielle maison paysanne à murs en torchis, près du moulin – l’une des plus anciennes fermes du village – l’église du prieuré Saint-Hippolyte : le chevet avec ses arcatures lombardes, le prieuré dans son état ancien, l’intérieur restauré décoré de fresques. Clichés Y. Darcy.

Avec l’an mil et sa remarquable éclosion d’églises et d’établissements monastiques, Geoffroy, évêque de Chalon, fonde vers 1030 une communauté de moines réguliers à Combertault, site pourtant peu favorable et très humide, à proximité immédiate de la Bouzaize. Une église abbatiale est édifiée. On peut supposer que le premier travail des moines fut le défrichement, ces terres alluviales étant particulièrement fertiles. Cependant, la jeune abbaye ne prospère pas et devient un simple prieuré quelques dizaines d’années plus tard. Après que le pape Calixte II l’ait donné au monastère bénédictin de Saint-Bénigne à Dijon, en 1124, il passe avec la seigneurie de Combertault dans l’escarcelle du prieuré Saint-Etienne de Beaune en 1188. Le prieuré de Combertault attire les donations, et vers 1430 il est selon Charles Bigarne l’un des plus riches de Bourgogne.

Les guerres de religion, la Guerre de Trente ans et le passage des bandes armées ne laissent qu’une église en ruine dont subsistent seulement une partie des piliers sud de la nef, le chœur et son abside. Une église plus modeste est construite au XVIIe siècle, dans l’enceinte même de l’ancien sanctuaire, sauvant ainsi ce qui subsistait de l’édifice roman.

En 1391, la population du village comptait 22 feux (soit environ 110 personnes), dont 13 solvables et 9 misérables. Le dénombrement réalisé quarante ans plus tard ne relève plus que 12 feux dont 4 solvables, 5 misérables et 3 mendiants. Il faut attendre la fin du XVIIe siècle et un relatif retour à la paix pour que des fermes importantes s’établissent. Jusqu’à la Révolution, le moulin du prieuré est le moulin banal. Il sera naturellement vendu comme bien national à un meunier de Beaune pour 7350 livres, avec son écurie et son jardin.

Au XIXe siècle, le village va connaître une notoriété nouvelle grâce au 16e Régiment de Chasseurs à cheval, cantonnés à Beaune depuis 1892. Ayant d’abord loué des terrains sur le pâtis de la commune pour servir aux entraînements et aux manœuvres, les officiers organisent rapidement des concours hippiques, désireux de faire valoir leur maîtrise de l’art équestre. La première course a lieu le 21 août 1898 et attire en masse la population beaunoise. En 1903, le lieutenant de Brosses fait construire une piste avec parcours d’obstacles[5]. Les officiers du régiment beaunois participent également volontiers aux concours de Dijon, Chalon-sur-Saône et jusqu’à Lyon, avec un palmarès éloquent. Les officiers Mérat, Choppin, de Fauré, Méresse collectionnaient les coupes[6]. Les fêtes hippiques se poursuivront jusqu’au départ du régiment, en 1926.

Ci-dessus : Course des officiers du 16ème Chasseurs à l’Hippodrome de Combertault, passage de la haie – Archives municipales de Beaune, 2 Fi 25 – saut de haie – Invitation officielle du Régiment à assister à une manifestation hippique à Combertault, le dimanche 6 août 1899. Archives municipales de Beaune, 49 Z 9 – officiers du 16ème Régiment de Chasseurs à cheval de Beaune – Archives municipales de Beaune, 2 Fi 26  

L’église Saint-Hippolyte

L’édifice le plus remarquable du village est l’église priorale Saint-Hippolyte. Les grosses piles de la nef, encore visibles le long du cimetière, assimilent sa construction à celle de St Philibert de Tournus tandis que le chevet, de construction très soignée en petit appareil, présente de hauts pilastres reliés les uns aux autres par une double arcature lombarde. Une fine bande décorative de pierres en dents de scie court le long de l’abside. De dimensions imposantes, l’édifice mesurait à l’origine 43 m. de long et 15.40 de large. Un narthex précédait la nef qui comportait trois vaisseaux. Le transept possédait deux absidioles. Mais c’est sans conteste par ses peintures murales que l’édifice se distingue. Attribué aux années 1100, voire peut-être plus ancien, le décor aux ocres jaunes et rouges se compose de saints et d’anges entre les arcatures, des scènes de la vie de saint Hippolyte, patron de l’église, associé un décor de bandes et de losanges. Le grand Christ en Gloire du cul-de-four a été perdu. L’ensemble a été restauré entre 1989 et 1992. Au sud de l’église est accolée l’ancienne maison du prieur, édifiée au XVIe siècle, qui abrite à présent la mairie.

Jean-Baptiste Pallegoix, évêque de Siam

Il apprend la langue thaïe et le pali (la langue religieuse, proche du sanscrit) et fait construire une imprimerie pour éditer des livres pieux en thaï et en latin.

Il écrit notamment une Description du Royaume Thai, Paris, 1854, une grammaire et un dictionnaire de la langue thaï (Dictionarium linguae Thaĭ sive Sa̱mensis interpretatione Latina, Gallica et Anglica illustratum) publié en 1854 à Paris.

On lui doit également un Mémoire sur la mission de Siam. – Imprimerie Blondeau-Dejussieu, 20, place Monge, Beaune, 1853, in-12, pp. 64 + 4. et une Carte du royaume de Siam, dressée sous sa direction d’après ses itinéraires et divers documents, par Charle, géographe à Paris, en 1854. ainsi qu’un ouvrage de controverse, Butxa Visatxana.

Il meurt le 18 juin 1862 à Bangkok et le roi du Siam Rama IV lui rend un hommage solennel.

Une carmélite thaïlandaise, Sœur Simona Somsri Bunarunraksa, raconte la vie de ce missionnaire dans un livre issu d’une thèse soutenue à l’École pratique des Hautes Études. Illustrations ci-dessus :

  • Mgr Jean-Baptiste Pallegoix, évêque de Mallos à Bangkok, vicaire apostolique de Siam. Archives municipales de Beaune, 1 Fi
  • Le cortège funèbre de Mgr Pallegoix,en juin 1862 à Bangkok, en présence du roi de Siam Rama IV. Source Wikipedia.
  • Un portrait de Mgr Pallegoix au Siam
  • Ouvrage de Sœur Simona Somsri Bunarunraksa.

[1] Joseph Délissey, dans son « Histoire de Combertault des origines à 1966″, article posthume complété par Irène Raclin, aborde tous les aspects de l’histoire ancienne et contemporaine du village, donne la transcription ou le contenu de beaucoup d’actes officiels issus des Archives Départementales de la Côte d’Or concernant St Hippolyte et la nouvelle église, les chartes, les donations, les lettres de sauvegarde. Il fait également un rapport précis sur les chemins, la mairie et l’école, les maisons et familles remarquables, les calamités, les épidémies, les anciens biens des établissements religieux à Combertault.

[2] Bigarne (Charles), « Notice historique et descriptive sur le village de Combertault », Mémoires de la SHAB, 1892, pp.233-303

[3] Bredeault (abbé), Supplément à l’histoire de Beaune de Gandelot.

[4] Courtépée (abbé), Description générale et particulière du Duché de Bourgogne, 4 volumes, Dijon, Frantin, 1775-1779

[5] Chevignard (Denis), « Beaune et le 16° régiment de chasseurs à cheval, 1891-1926 », Recueil du CBEH tome 34, 2016.

[6] Sabre (Michel), « Le 16e régiment de chasseurs à cheval, Beaune 1891-1927″, Recueil du CBEH tome 16, 1998.

Le Monument aux Morts

Le Monument aux morts de la Grande Guerre se situe derrière l’ancienne école primaire, au carrefour de la Route de Levernois et de la D 111. Il est propriété communale et ne bénéficie d’aucune protection au titre des Monuments Historiques.

Description : l’ensemble de calcaire lisse est constitué d’un obélisque orné d’un large bandeau à sa partie supérieure, posé sur un socle mouluré reposant lui-même sur un soubassement, pour une hauteur totale de 3.40 m. L’obélisque est orné d’une croix de guerre sculptée. Une plaque de marbre blanc est apposée sur le socle, le tout posé sur une terrasse cimentée entourée d’une simple grille.

Inscriptions : sur la face de l’obélisque, AUX ENFANTS DE COMBERTAULT MORTS POUR LA FRANCE 1914-1918 – 1939-1945 – sur le socle : H. DUBOIS BEAUNE.

Victimes du conflit 1914-1918 : Marcel FLEUROT, Prosper CHEVALIER, Marcel GAUFFRE, Georges MARTIN, Fernand GRIZOT, Emile TIXIER, Eugène LALLEMAND, Maxime VALLETTE.

1939-1945 : Marcel GUILLEMIER.

Ce monument, particulièrement sobre dans sa décoration, reste strictement dans le registre civique de la Croix de guerre.

Monument aux morts de Combertault – Cliché Y. Darcy

Enquête de Sonia Dollinger et Yvette Darcy, 2005-2007.

Bibliographie indicative

MSHAB : Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Beaune, consultables au siège du CBEH et en ligne sur le site gallica.bnf.fr

RCBEH : Recueils du Centre beaunois d’études historiques, consultables et disponibles à la vente au siège du CBEH

HSCBEH : Ouvrages hors-série édités par le Centre beaunois d’études historiques, consultables et disponibles à la vente au siège du CBEH.

BIGARNE (Charles), « Notice historique et descriptive sur le village de Combertault », MSHAB, 1892, pp.233-303

COLOMBET (Albert) et GRAS (Pierre), « L’église de Combertault » in Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d’Or n° 24

COLOMBET (Albert), Etudes d’archéologie bourguignonne, IV° série, Ed. A. Colombet, Dijon, 1960

LAFAURIE (Jean), « Trésor de monnaies d’or du V° siècle trouvé en 1803 à Combertault », Revue numismatique t. 26, 1984

DELISSEY (Joseph), « Histoire de Combertault des origines à 1966″, article posthume complété par Irène Raclin, RCBEH tome 17, 1999

SAPIN (Christian),  « Combertault (Côte-d’Or), église paroissiale Saint-Hippolyte », Archéologie médiévale, t. 21, 1991,  p. 305-306.

HENRION (Fabrice), « La place de l’enfant mort en bas âge dans l’ancien prieuré de Combertault (21) » in Cahiers archéologiques de Bourgogne n° 4, 1993

DIDIER (Frédéric Didier), « L’église Saint-Hippolyte de Combertault », in Congrès archéologique de France, Côte-d’Or, Dijon, la Côte et le Val-de-Saône », 152e session, 1994, Paris, 1997, p. 101-110.

SCHOMAS Héloïse, « A propos du coin de Combertault (Côte-d’Or) : un coin monétaire gaulois ? » in Bulletin des Musées de Dijon n° 11, 2008-2009

ROY (Georges), « Le Trésor de Combertault », RCBEH

BUNARUNRAKSA (Sr Simona), Monseigneur Jean-Baptiste Pallogoix : Ami du roi de Siam, imprimeur et écrivain (1805-1862), Paris, L’Harmattan, coll. Chemins de la Mémoire, 2013, 326 p.