Des bains-douches au Théâtre de Verdure

En contrebas du boulevard Ml Joffre, un charmant édifice orné d’une colonnade semi-circulaire se cache parmi les massifs verdoyants, dans la fraîcheur des grands arbres. Aujourd’hui fréquenté par les seuls promeneurs venus y chercher le repos, ce lieu a connu des jours bien moins paisibles.

Lors de la séance du conseil municipal du 22 pluviôse an X (11 février 1802), une pétition de Dominique Fiot, entrepreneur à Beaune, est présentée pour la construction de salles de bains publiques au bas du Vauxhall, dans le fossé Saint-Nicolas. La municipalité accède à sa demande en lui accordant la concession du terrain durant 49 ans, sous réserve que les travaux soient achevés dans les deux années qui suivent, auquel cas la Ville deviendra propriétaire des constructions.

En l’an XII, les travaux ne sont toujours pas achevés et le chantier semble abandonné. Selon les conditions fixées en 1802, monsieur Fiot perd la jouissance du terrain. En 1806, Louis Brian propose d’établir une auberge à cet emplacement mais son projet est rejeté par le conseil municipal qui estime qu’il ne présente aucun intérêt public.

Dix ans après le premier projet, la décision est prise de relancer la construction de bains-douches dans un souci d’hygiène et de santé des habitants. L’entrepreneur retenu est Pierre Champenois et l’architecte Alphonse Forest, qui choisit de le construire en hémicycle. Les cabines de bain sont luxueuses, chacune étant garnie de carreaux de faïence d’un motif différent. L’autorisation de percer un passage sous le rempart de la Comédie est prise en 1814 afin de faciliter l’accès aux bains. En 1853, les tours sont rehaussées d’un étage. L’une d’elle correspond à l’entrée des hommes, la seconde à celle des femmes.

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Le Théâtre de Verdure dans les années 2000, cliché Y. Darcy

En 1921, l’édifice est mis en vente. La Caisse d’Épargne devient propriétaire de ce bâtiment qui reste en activité jusqu’à la fin des années 1960.

Un concert de l’Harmonie des Fils de France au Théâtre de Verdure, collection Paul Guillot, non daté.

Périodiquement, des manifestations sont organisées dans ce cadre superbe. C’est ainsi qu’en 1947 ont lieu les Journées du Cinéma où sont présentes des personnalités du moment, comme Jean Granier, l’actrice Madeleine Sologne, Odette Joyeux, Charles Vanel, Noël-Noël ou Milton. Lors des foires qui se tiennent chaque année en juin au Jardin anglais et sur le boulevard Ml Joffre[1], des spectacles sont organisés, notamment de mémorables matches de catch où s’affrontaient l’Ange Blanc et le Bourreau de Béthune, pour ne citer que ceux-là … des artistes de variétés de premier plan viennent y donner des concerts : Annie Cordy est l’invitée vedette d’un gala donné le 12 juin 1955, elle est cette année-là Grand Prix du Disque. Il faut citer aussi Henry Salvador en 1960, Hervé Vilard et Sacha Distel en 1967, Enrico Macias, Joe Dassin en 1976 et même Dalida l’année suivante, Eddy Mitchel, Serge Lama et bien d’autres viendront s’y produire. La belle scène de théâtre est aussi propice aux démonstrations de gymnastique et aux concerts, comme la fête de nuit donnée par toutes les sections des Fils de France pour le centenaire de la Société, le 29 mai 1954.

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Fête du Cinéma organisée au Théâtre de Verdure, Archives municipales de Beaune fonds Cropsal

En 1968, la ville rachète les bains-douches et transforme le jardin en parking. Mais la scène sert encore à accueillir des concerts d’été, notamment lors des Fêtes de la Musique.

Pour faire face aux dégradations qui détériorent ce bâtiment, les Amis du Vieux Beaune entreprennent la restauration de la toiture en ardoise en 1993, lui redonnant son style d’antan.

Les Espaces verts de la Ville de Beaune aménagent le jardin afin d’en faire un nouvel espace de détente pour les Beaunois et inaugurent le « Théâtre de Verdure » en 2003.

Auteur de la notice : Soraya Benseguir
Archives municipales de Beaune


[1] La première foire exposition de Beaune est créée par Roger Duchet, maire de Beaune, en 1932. Elle reste sur le boulevard jusqu’en 1978, où sa situation devient trop gênante pour la circulation. D’abord repliée au Jardin anglais, puis déplacée, elle est définitivement supprimée en 1987.


Sources Archives Municipales de Beaune :

  • Délibérations du conseil municipal de Beaune
  • Archives numérique : historique du Théâtre de Verdure.
  • Bien public, 07/12/1994
  • GUITHEAUX Claude, « Les coulisses de la Foire-exposition de Beaune, 1932-1985 », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Beaune, tome LXXV, 1994.
  • Fonds figurés 15 Fi  (fonds Cropsal) – 9 Fi 52 (fonds Voix de Beaune)