Les monuments aux morts de Beaune

La ville de Beaune et ses hameaux comptent de multiples monuments et plaques commémoratives. Ils sont abordés ici par ordre chronologique de conflit.

Monument aux Morts des guerres coloniales

Ce monument se dresse au bout de l’allée centrale du cimetière communal de Beaune.
Description
Inscriptions

Monument aux Combattants de la guerre de 1870-1871

Monument aux morts de 1870-1871, place de l’Hôtel de Ville à Beaune. Carte postale L. Voiland.
Situé à l’origine place de l’Hôtel de Ville, ce monument qui regroupe les victimes de l’arrondissement de Beaune a été déplacé à l’entrée du cimetière communal, en bordure de la Rue des Stades. Il s’agit d’un édifice important de 6.50 m. de hauteur, ayant demandé la collaboration d’un architecte, Maxime Deschamps, alors architecte attitré de la Ville de Beaune, et d’un fondeur, Barbedienne à Paris, qui a travaillé à partir de l’œuvre « La Jeunesse » du sculpteur et médailleur parisien Henri Michel Antoine Chapu.
Description : sur un soubassement se dresse un piédestal surmonté d’un obélisque monolithe couronné par huit écussons sculptés aux armes des cantons de l’arrondissement de Beaune : Nolay, Grancey, Beaune-ville, Beaune-sud et Beaune-nord, St-Jean-de-Losne, Seurre, Pouilly-en-Auxois, Arnay-le-Duc et Liernais. Un tore de laurier et de chêne orné de chutes de rubans aux quatre angles complète l’ensemble. La façade principale est ornée d(‘un cartouche aux armes de Beaune et d’un vase torchère posé sur une couronne en bas-relief. L’ensemble est en calcaire de comblanchien lisse et blanc, contrastant avec la figure allégorique de la Jeunesse honorant les morts, réplique du monument élevé dans la cour du Mûrier de l’Ecole des beaux-arts de Paris.
Inscriptions : elles sont abondantes, en raison du nombre important de soldats morts dans l’arrondissement particulièrement touché par ce conflit. Elles couvrent la moindre surface du monument, jusqu’aux corniches et au sous-bassement.
Dédicaces : sur la face principale AUX ENFANTS DE L’ARRONDISSEMENT MORTS SOUS LES DRAPEAUX – 1870-1871 et dans le médaillon PRO PATRIA. Monument élevé par souscription publique. Pour chaque canton sont désignés simplement les noms et prénoms des combattants, seul le grade d’Antonin de Mandat, vicomte de Grancey, colonel des Mobiles de la Côte d’Or mort le 1er décembre 1870, est détaillé.
Historique : dix ans après le conflit, le 8 novembre 1891, une association se constitue à l’initiative de citoyens de Corberon et de Serrigny pour conserver et honorer la mémoire des militaires de l’arrondissement de Beaune tombés au Champ d’honneur. Une souscription publique est lancée, qui reçoit un accueil favorable de l’Etat (10 % des coûts), de la Ville de Beaune et du Conseil général de la Côte-d’Or ainsi que des chefs-lieux de cantons, mais aussi des légionnaires du Rhône et des mobiles de la Gironde, des cercles d’affaires et établissements financiers et, en grand nombre, l’apport des habitants des villes et des campagnes. Les sommes recueillies permettent d’envisager un cénotaphe d’envergure et le projet est confié à une commission artistique qui choisit « La Jeunesse » pour honorer les morts. Le monument est inauguré le 27 septembre 1896.

Monument de la Guerre 1914-1918

Il honore également les victimes de la Guerre 1939-1945 et des Guerres d’Indochine 1946-1954 et Algérie 1954-1962

Il avait été proposé de l’installer à l’entrée de la rue du Château, emplacement remarquable en raison de sa situation symbolique aux portes de l’ancien château et de sa visibilité depuis la gare, mais le Conseil municipal s’y oppose et finalement, le monument aux morts de la Première Guerre mondiale est situé boulevard Maréchal Foch, devant la Promenade des Buttes qui lui sert d’écrin.

Description : Dressée sur une grande colonne de pierre rose à faces convexes, une Victoire ailée brandit fièrement une couronne de lauriers. Ses arêtes sont ornées de motifs végétaux et repose sur quatre lions couchés alternant avec des casques Adrian ceints de lauriers dorés. Une belle grille de fer forgé exécutée par M. Vaillant, entrepreneur à Beaune, se compose de grands panneaux dont chacun porte le nom de l’un des principaux théâtres d’opérations de la Grande Guerre : Somme, Marne, Lorraine, Verdun, Alsace, Orient. Elle entoure l’espace triangulaire épousant la disposition du carrefour. Les noms des victimes de 1914-1918 occupent les quatre faces de la colonne. Des plaques gravées sont venues compléter la liste des Morts pour la France durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre d’Indochine et la Guerre d’Algérie. Une flamme du Souvenir en bronze est venue compléter l’ensemble.

La Victoire, d’une hauteur de 2.50, est due au sculpteur-architecte Emmanuel Ladmiral, né en 1882 à Paris. Elle a été coulée par la Fonderie des Artistes à Paris et parvient à Beaune le 31 mars 1925. C’est le marbrier beaunois Narjollet qui contribue à la mise en place des bases du monument et M. Pierrot qui s’emploie à hisser la Victoire sur la colonne.

Inscriptions : sur la face principale AUX ENFANTS DE BEAUNE MORTS POUR LEUR PATRIE 1914-1918 – sur le socle MONUMENT ERIGE PAR SOUSCRIPTION PUBLIQUE AVEC LA PARTICICPATION DE L’UNIVERSITE AMERICAINE DE BEAUNE. Plaques apposées sur le socle : GLOIRE AUX MORTS DE LA RESISTANCE ET DE LA LIBERATION 1939-1945 – AUX INDOCHINOIS MORTS POUR LA FRANCE, LA PATRIE RECONNAISSANTE – AUX ENFANTS DE BEAUNE TUES EN AFRIQUE DU NORD 1954-1968 – A LA MEMOIRE DE TOUS CEUX, CIVILS ET MILITAIRES, MORTS AU SERVICE DE LA FRANCE ET DE LA PAIX.

La liste des Morts pour la France peut être consultée sur le site https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/24640/beaune.


Historique : le Conseil municipal de Beaune adopte le 26 mars 1919 l’érection d’un monument aux victimes de la guerre. Un comité est nommé qui comprenait le maire et les personnalités beaunoises, dont plusieurs négociants en vins : Président M. Jacques Vincent Maire, Vice-Présidents MM. Maurice Drouhin, Auguste Jacot et Georges Rateaux
Trésoriers MM. Maurice Duverne et André Piguet, Secrétaires MM. Julien Bergeret, Daniel Moingeon et Pierre Ricaud. Par décret du 20 juin 1919, la Ville obtient l’autorisation ministérielle et le 10 novembre 1920 est lancé, dans le Journal de Beaune et L’Avenir bourguignon, l’appel à la générosité publique. L’Œuvre du Monument recueille les dons, vend des insignes, organise des fêtes, les jeunes mariés versent le produit des quêtes, un maraudeur est fermement invité à verser 5 F. … les résultats des souscriptions et les principaux donateurs sont régulièrement publiés dans le Journal de Beaune et l’Avenir bourguignon. La 55ème souscription totalise 62 909 F., la 67ème 82 302 F. … Le concours est lancé en octobre 1922.

Toutes les autorités civiles et militaires de la région sont présentes à l’inauguration qui a lieu le 19 avril 1925. Autour du monument, 42 drapeaux forment une haie d’honneur et, en présence d’Auguste Dubois, maire et nouveau président du Comité, les sapeurs-pompiers, le 16e régiment de chasseurs, la gendarmerie, les familles des morts, les mutilés et prisonniers, les enfants des écoles, et la foule se pressent devant le monument. Les discours sont rythmés par la sonnerie aux Morts, la Marseillaise, le dépôt des palmes, l’Hymne aux Morts.

L’édifice, complété de plaques commémoratives au fil des événements historiques du XX° siècle, bénéficia d’une restauration complète en juillet 2000.

Monument aux morts de Beaune, bd. Maréchal Foch – inauguration du 19 avril 1925 – détails – clichés récents : Y. Darcy.


Le Monument aux Morts de Gigny

Description : constitué d’une stèle en béton lavé, il supporte trois plaques dont une en pierre calcaire et deux en marbre blanc, la principale sculptée en forme de parchemin. La stèle repose sur une large terrasse à deux niveaux, en pierres de taille dallées d’opus incertum. La plaque de marbre sculptée est ornée à sa partie supérieure d’une branche de laurier et d’une Croix de guerre sculptées et d’une double palme de bronze. L’ensemble est entouré de six poteaux métalliques et d’une chaine simple. Le monument mesure 2.50 m. de hauteur.

Inscriptions : sur la plaque la plus haute HONNEUR ET PATRIE – sur la plaque principale 1914-1918 – 12 noms – A NOS MORTS POUR LA FRANCE – sur la plaque à la base de la stèle 1939-1945 – 7 noms.

Historique : le 11 décembre 1920, une quête est faite au banquet de la Société de Secours mutuel pour l’érection d’une pierre commémorative. Dès le 22 janvier suivant, un comité s’est constitué. Le projet est alors d’apposer une plaque à l’école. Le trésorier est Alfred Bouhier, de Gigny et le secrétaire est M. Marchand, instituteur à Beaune. Le Journal de Beaune annonce le 14 mai 1921 un produit de 1 080 F. qui permet donc l’érection d’un monument.

La plaque de l’école de Challanges

D’abord fixée à l’intérieur de la salle de classe, juste au-dessus du tableau noir, cette plaque commémorative a été déplacée en raison de la désaffectation du bâtiment et se trouve à présent à l’extérieur.

Description : plaque de granit noir anthracite, aux bords biseautés, ornée d’une Croix de guerre et d’une branche de laurier gravées et soulignées d’un trait doré.

Inscriptions : A LA MEMOIRE DE FOUAILLY Edmond 1893-1915, FOUAILLY Marcel 1895-1915, BOILEAU Homère, 1891-1915, MALLARD Jules1893-1915, GUENAUT Jules 18 tombés glorieusement pour la France, 1914-1918 CHALLANGES RECONNAISSANT.

Historique : le 18 février 1921, le Conseil municipal de Beaune est saisi d’une demande du Comité pour l’érection d’une plaque commémorative à Challanges. Une somme de 50 F. est allouée au Comité le 22 et un mois plus tard, le 24 mars 1921, la plaque est apposée en présence du maire de Beaune. La cérémonie est suivie d’un banquet. Challanges a eu 30 mobilisés et, dans la seule année 1915, a perdu quatre des cinq victimes dont deux de la même famille.

Monument aux Morts des Montagnards

Le monument est situé à flanc de coteau et domine la plaine. Il est dédié à Saint Bernard de Menthon (XI° s.), patron des montagnards, des habitants des Alpes et des Chasseurs alpins.

Description : une stèle de calcaire lisse se dresse sur un socle à deux étages, taillé en bossage. Au somme se dresse un coq, tourné vers la plaine. Sur la stèle figurent les noms des victimes de 1914-1918, et une plaque apposée sur le socle est consacrée aux victimes de la Seconde guerre mondiale. Ci-dessous, des vues récentes du monument, clichés Y. Darcy, et cérémonie du 26 mai 1958, lors de la « Fête de la Montagne », cliché BP.

Inscriptions : AUX MONTAGNARDS MORTS POUR LA FRANCE, LA SOCIETE DES MONTAGNARDS A SES MEMBRES DISPARUS.

Morts pour la France, 1914-1918 : BARBERET Fernand René Gaston, BATIME Amédée, BERBEY Louis Constant, BOURGEOIS Henri   Eugène, BURNEY Alexandre Marcel Lucien, CLERGET Georges Henri, DORIDOT Charles Edmond,   GARREAU Hubert Auguste, GERARD Maurice François Auguste, GRANDJEAN Pierre Louis Émile  GUICHARD André Claudius  GUICHARD Georges Louis  JOLY Charles Antoine  JOLY Louis  LAVAUX Eugène  LECOUVREUR Auguste Charles Adrien  LECOUVREUR Claude Ernest  LECOUVREUR Maxime Marcel  MICHEL François Paul  MICHEL Georges Victor  MOUROT Louis Armand Raymond  MUGNERET René Philippe  POTHIER Paul Marcel François  RONCIN Louis Lucien.

1939-1945 : DESFOSSEY Gabriel Marcel Auguste Armand  DIGOIX André  DIGOIX Lucien Jean Pierre  GERMAIN Henri Pierre Charles. 

Levant : SIRO Antoine Jean Baptiste François. 

Monument aux morts indochinois

Une stèle située près du carré militaire rend hommage aux soldats français originaires d’Indochine ayant péri pour la défense de Beaune.

Plaques commémoratives des établissements scolaires de Beaune

Toutes les écoles publiques de garçons de Beaune rendent hommage à leurs anciens élèves morts au Champ d’Honneur :

A l’école primaire de garçons boulevard Foch : une plaque de marbre blanc ornée d’une palme gravée a été apposée dans l’un des deux grands escaliers, de manière à être vue par tous. Inscriptions : INSTITUTEURS MORTS POUR LA FRANCE, Jean-Baptiste PHILLIPE, Bois-Brûlé 1914, Jean DEBRUERE, Bois-le-Prêtre 1915, Fernand JULIEN, Sourmelans 1918. GLOIRE A CEUX QUI SONT MORTS POUR ELLE. Une seconde plaque a été ajoutée pour LASSERTEUX Louis, Domeliers 1940.

Au collège Monge, rue du Collège : six grandes plaques de marbre noir veiné figurent dans le vestibule, de part et d’autre du bureau du principal. Elles sont ornées de feuilles de chêne gravées et dorées et portent 93 noms dont 5 rappellent le sacrifice des soldats morts au combat dans les colonies. Le Journal de Beaune du 21 juin 1921 relate l’émouvant hommage qui fut fait aux anciens élèves, patronné par le Comité des Anciens élèves du collège Monge. Il avait débuté par un office religieux solennel à la collégiale Notre-Dame où un catafalque orné de drapeaux avait été dressé dans l’allée centrale, suivi d’une cérémonie dans la cour du collège, dont le journal donne tous les détails (presse consultable aux Archives et à la Bibliothèque municipale de Beaune).

Au Lycée agricole et viticole, avenue Charles Jaffelin, un article du Journal de Beaune du 26 juillet 1921 relate l’inauguration d’une plaque à la mémoire des anciens élèves de l’Ecole de Viticulture.

Plaques commémoratives des églises et hospices de Beaune

A la Collégiale Notre-Dame, une plaque de calcaire rose portant XX noms est apposée sur le mur de la chapelle Saint-Flocel.

A l’église paroissiale Saint-Nicolas également, une plaque XXX

Enfin à l’Hospice de la Charité, qui accueillait les orphelins filles et garçons, une plaque de marbre noir aux lettres dorées donne la liste de XXX de ses anciens pensionnaires morts au Champ d’Honneur.

Le cimetière de Beaune renferme de nombreux témoignages de reconnaissance en plus du monument de la guerre de 1870-1871 qui est à l’extérieur :

Le carré militaire 1914-1918 prend place à l’entrée du cimetière et se compose pour l’essentiel de petites stèles de calcaire blanc portant l’identité du soldat, surmontées de croix de fonte peintes et posées sur des carrés de gravier ceints d’une bordure en pierre, où un rosier a été planté. Il a été restauré à l’occasion du centenaire de l’Armistice, en 2019.

Après la fin du conflit, dans les immenses étendues concernées par les combats, des corps sont retrouvés, quelquefois impossibles à identifier. La plupart sont inhumés dans d’immenses cimetières collectifs, sur les lieux mêmes des grandes batailles, comme à Douaumont, Amiens, etc., mais la demande des familles est de plus en plus pressante pour obtenir le rapatriement de leurs enfants morts pour la France. Le cadre légal de ces transferts est posé par les articles L498 et L505 du code des pensions militaires et des victimes de guerre, il est donc possible aux municipalités d’organiser les démarches. Le Journal de Beaune annonce que, pour les familles qui souhaitent récupérer les corps à titre individuel, le transport sera fait à leurs frais. L’édition du 12 mars 1921 du Journal de Beaune relate les funérailles de deux Beaunois dont les familles se sont occupées elles-mêmes du rapatriement de leurs enfants : Claude Augustin GUYOT, du 10ème régiment d’infanterie, tué et inhumé à Bislée dans la Meuse, le 17 novembre 1914, et Georges GUICHARD, du 150ème régiment d’infanterie, tombé à Verdun le 12 septembre 1917. Les cérémonies sont suivies par une foule considérable. Le conseil municipal du 9 mars avait prévu que les héros défunts seront déposés dans la chapelle du Saint-Cœur désaffectée en attendant le creusement des tombes dans la concession perpétuelle du carré militaire. Le 22 mars, six corps sont annoncés. La chapelle tendue de noir et décorée de plantes vertes est ornée de trophées de drapeaux cravatés de crêpe, la garde est assurée par les soldats du 16ème Chasseurs. Quelques familles ont tenu à faire installer un monument particulier. Il n’est pas exclu que d’autres aient préféré inhumer leur défunt dans la tombe familiale.

Le carré militaire du 16ème régiment de Chasseurs à cheval est également présent dans l’enceinte du cimetière : il regroupe les militaires morts pendant leur service militaire à Beaune entre 1892 et 1926.

Signalons pour mémoire le cimetière américain qui connut une existence éphémère, au sortir de la Première Guerre mondiale. Aménagé hors les murs, mais contre le cimetière communal, côté est, il fut l’objet, en 1919, d’une cérémonie d’hommage et de reconnaissance où les Beaunois vinrent nombreux. Les corps ont tous été rapatriés aux Etats-Unis.

Plaques commémoratives de la Seconde Guerre mondiale

Gare SNCF : Le bombardement de la gare par les Stukas allemands le 16 juin 1940 fait plusieurs victimes parmi les employés de la SNCF et une plaque de pierre de Comblanchien ornée du sigle de la compagnie mentionne les noms de Jean BOILEAU, brigadier, Lucien COLIN et Paul MALCURAT, mécaniciens de route, ainsi que plusieurs civils membres des familles de cheminots. Une plaque du Souvenir français a été fixée sur un mur, à proximité de la gare, dans les années 2000.

Enfin, une initiative privée rappelle la mort de Georges LHOMME, résistant tué par les Allemands rue du Faubourg Saint-Nicolas, le 6 juin 1944.

Enquête réalisée par Sonia Dollinger et Yvette Darcy en 2006, complétée en 2021.

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