Pièce majeure du patrimoine religieux beaunois, la Collégiale Notre-Dame est édifiée au cœur de l’ancien castrum . Elle forme avec le bâtiment canonial (actuel presbytère), la galerie et la salle capitulaire cloître, la maison du Chapitre et les maisons des chanoines resserrées dans l’enceinte canoniale un ensemble remarquable.
Depuis la fin du V° siècle, le culte est pratiqué dans l’enceinte du castrum grâce à la petite église Saint-Baudèle. A proximité immédiate, un premier édifice plus important est fondé vers 970 par Henri le Vénérable, duc de Bourgogne, qui le dote d’un chapitre de chanoines.
Au XII° siècle, Etienne de Bâgé, évêque d’Autun, appuie le souhait d’Hugues II le Pacifique et sa femme Mathilde de Turenne de construire un édifice plus grand, dans le style clunisien. Un fragment du maître-autel en marbre blanc, dit « de la Duchesse Mathilde », en est le seul vestige sauvé de sa destruction en 1793.
La construction est conduite d’un seul jet jusqu’à la fin du XIII° siècle, ce qui lui donne sa remarquable unité. L’incendie de 1272 amène quelques remaniements dans les parties hautes du chœur : les fenêtres romanes de l’abside sont remplacées par de grandes fenêtres à remplage et des arcs-boutants viennent renforcer l’édifice. La tour supportant le clocher est elle aussi remaniée. Deux tours de façade et un porche largement ouvert complètent l’ensemble au XIV° siècle. La flèche gothique sera remplacée en 1580 par un dôme à lanterne, dit « à l’impériale », sur les plans d’Hugues Sambin.
Des chapelles viennent s’adosser à la nef entre le XIII° et le XVI° siècle, dont la chapelle Saint-Léger, ornée de peintures murales médiévales, et la chapelle financée par la Jean Bouton du Thillot au XVI° siècle, avec son superbe plafond à caissons Renaissance et sa balustrade extérieure richement ornée, sont les plus remarquables.
La dernière intervention d’importance aura lieu au XIX° siècle, à la suite de la visite de Viollet-le-Duc en 1844. C’est son gendre Maurice Ouradou, également chargé d’importants travaux de rénovation à l’Hôtel-Dieu, qui en assurera la direction à partir de 1860 avec l’architecte beaunois Alphonse Forest.
Depuis 1958, la Collégiale Notre-Dame est élevée au rang de basilique.
Les œuvres d’art sont particulièrement nombreuses à la Collégiale Notre-Dame :
– Les chapiteaux : bien que beaucoup ne soient pas décorés, ou inachevés, et que l’ensemble n’approche pas la beauté d’Autun ou de Saulieu, quelques uns méritent un regard attentif : la lapidation de St-Etienne, l’Arche de Noé, des décors végétaux bien réussis et des animaux musiciens qui, cachés contre le mur de façade, sont particulièrement difficiles à distinguer et méritent une interprétation.
Voir aussi pour ces chapiteaux deux articles de K. Knoth :
– Trois retables de pierre ornent les chapelles latérales :
L’enfance de Jésus, la Passion et la vie de Saint Pierre sont les thèmes de trois retables sculptés déposés dans les chapelles latérales de Notre-Dame à la suite du don de Paul Foisset en 1845. Il est possible que le retable de la Passion ait été offert aux Jacobins par Floceau Richard et son épouse Gillette Le Goux pour orner leur église, place Morimont. C’est le même Floceau Richard qui offrira à Notre-Dame, en 1532, le retable de la vie de Saint Pierre.
– Les peintures murales médiévales restaurées voisinent avec les décors peints du XIX° siècle. Signalons la chapelle Saint-Léger ou Chapelle du Cardinal Rolin dont le décor peint par Pierre Spicre dans les années 1470 illustre la Résurrection de Lazare et le Martyre de Saint-Etienne. Les restaurations récentes ont révélé, dans le vestibule de l’entrée latérale, des scènes de la Résurrection des morts. Plusieurs tableaux importants sont conservés, dont l’Adoration du Sacré-Coeur de Jésus peint vers 1690 par Gabriel Revel.
– Les sculptures sur bois : il faut d’abord signaler la Vierge « Noire », une Vierge en majesté, polychrome, datée du début du XIII° siècle, d’origine probablement auvergnate. Elle était autrefois habillée de splendides vêtements brodés et installée sous un dais, dans la chapelle dite « de la Vierge », à gauche de l’autel.
On doit à la dynastie des Bonnet, sculpteurs, menuisiers, stucateurs beaunois du XVIII° siècle, plusieurs belles pièces, notamment deux figures du Christ en croix, plus grandes que nature, récemment restaurées, un Saint Michel terrassant le dragon et des bancs de confréries.
– Le grand orgue domine la nef de toute sa majesté. La présence d’un orgue à Notre-Dame est attesté dès le XV° siècle, pièce du facteur dijonnais Jehannin du Mex. Plusieurs fois remplacé, l’instrument conserve des pièces de ces différentes périodes (notamment le buffet, encore présent aujourd’hui, qui porte les armes de Jean de Baissey, chanoine de Beaune, commanditaire d’un de ces orgues en 1548). En 1754, Karl Josef Riepp reconstruit totalement l’instrument et le porte à 37 jeux. Il est reconstruit par JB Ghys en 1895. La dernière reconstruction est réalisée par Barthélémy Formentelli de Vérone, en 1985. Il est inauguré par Marie-Claire Alain le 3 décembre 1988.
– Des tableaux récemment restaurés placés dans le transept droit illustrent la vie de Saint François de Paule et de
– De beaux vitraux en grisaille de Didron (ca1900) éclairent les bas côtés, mais une des chapelles rayonnantes abrite trois vitraux du plus pur style Art nouveau, dus à Gruber.
– Enfin, les tentures de la Vie de la Vierge : c’est en 1501 que le Chapitre reçoit de l’archidiacre Hugues III Lecoq six nouvelles tapisseries de chœ
ur. Les cartons en sont attribués à Pierre Spicre. Tissées en laine et soie, elles comportaient à l’origine 21 tableaux : sur un fond « mille fleurs », ces scènes de la vie de la Vierge sont inspirées de la Légende dorée de Jacques de Voragine, un recueil paru en 1260. Les tapisseries avaient au fil du temps été démontées, dispersées et réservées aux usages les plus divers. J. Humbert les avait sauvées de la destruction en 1852. Plus récemment, un bel ensemble de 19 panneaux a pu être reconstitué, restauré et installé en 1993 dans le chœur. Par souci de conservation, il n’est accroché que durant la belle saison.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Les ouvrages sur la collégiale Notre-Dame sont très nombreux, il n’est pas possible d’en donner ici une liste exhaustive.
Citons cependant
- VERGNOLLE(Éliane), BENOIT-CATTIN (Renaud), FRANCOIS (Bruno), La Collégiale Notre-Dame de Beaune, éd. Caisse nationale des Monuments historiques et des Sites, 1997
- Les Orgues de Beaune, plaquette éditée par l’Association Les Orgues de Beaune, AZ Média, Dijon, 2002
- Les Vitraux de la Basilique de Notre-Dame de Beaune, plaquette éditée par l’Association des Amis des Trésors d’Art de Notre-Dame de Beaune, Imprimerie J.-M. Dupin, Beaune, 1999
Même le répertoire des articles des érudits locaux, publiés dans les Mémoires de la SHAB ou les Recueils du CBEH, sera présenté ici de façon indicative, il convient de se reporter à la Bibliographie éditée par le CBEH en 1998 qui comporte 41 entrées :
Le martyrologe de Notre-Dame a fait l’objet d’articles de l’abbé Boudrot et de Louis Cyrot au XIX° siècle, il existe également des listes des chanoines, des sépultures de la collégiale, l’abbé Vinceneux, Eugène Fyot et Albert Colombet ont évoqué les origines et les étapes de la construction de l’édifice, Pierre-Maurice Garçon a étudié les restaurations menées par Viollet-le-Duc, les tapisseries ont fait l’objet d’articles de l’abbé Vinceneux et de Geneviève Moingeon-Perret, l’orgue a donné lieu à une bataille d’experts entre Michel Chapuis, organiste de renommée internationale, et Maurice Loichet, organiste à l’église Saint-Nicolas de Beaune
Citons parmi eux
- ESTIENNE (Chanoine), Chronique de l’église collégiale Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 12, 1888
- NURDIN (Abbé), Restauration de la nef de Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 59, 1978
- MARION (Maurice), Le vignoble et les vins du chapitre collégial de Notre-Dame de Beaune avant la Révolution, Tome spécial du centenaire, 1952
- FOISSET (Paul), Autel de la duchesse Mathilde à Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 3, 1878 et GARCON (Pierre-Maurice), A propos de l’autel de la duchesse Mathilde, bulletin du CBEH n° 29, 1989
- BIGARNE (Charles), La musique à Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 3, 1878, BOILLOT-BILLARD, Le chant choral à Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 59, 1978, LATOUR (Yvonne), L’hymne de Notre-Dame, RCBEH t. 8, 1989
- BEAUVOIS (Eugène), Jean Bouton du Thillot, fondateur d’une chapelle à l’église Notre-Dame de Beaune, MSHAB t. 6, 1882
- JANNEL (Yves), Notre-Dame de Beaune. Remarques sur un jubé et un espace canonial, Bulletin du CBEH n° 60, 1997.
Centre Beaunois d'Etudes Historiques 