JOURSANVAULT, Jean-Baptiste Gaignare, baron de Joursanvault

Un lettré, collectionneur, artiste et mécène beaunois au Siècle des Lumières

Buste du baron de Joursanvault, Musées de Beaune

Jean-Baptiste Anne Geneviève Ganiare, baron de Joursanvault, naît le 3 janvier 1748 au sein d’une vieille famille beaunoise anoblie à la fin du 17e siècle. Son père Claude-Alexandre, seigneur de Baissey, et son grand-oncle Vivant, père de l’Oratoire et docteur en médecine, sont tous deux érudits et collectionneurs. Ils lui font étudier très tôt le dessin, la gravure, la musique et l’envoient visiter les principales villes d’Allemagne et d’Italie. A l’âge de 18 ans, il est admis dans le corps des Chevau-légers de la garde du roi où il séjourne trois ans.

A son retour à Beaune, il retrouve ses amis, des historiens comme Courtépée, Gandelot, Bredeault ou le musicien Nicolas Roze, auprès desquels il achève son éducation de parfait « honnête homme ». Il acquiert bientôt une réputation qui dépasse les limites de la province. Généalogiste, paléographe héraldiste, antiquaire, il constitue au prix de sacrifices multiples un cabinet de manuscrits d’un intérêt exceptionnel, qui s’accroit, à la faveur de la Révolution, des archives de la Chancellerie d’Orléans. Au total, ce sont 160 000 pièces et 220 registres in f° auxquels s’ajoutent 14 000 volumes imprimés, dont de nombreuses éditions rares, des collections d’histoire naturelle léguées par son oncle Vivant, des sceaux, des monnaies, antiquités, tableaux …

Graveur et musicien, il entre en relations avec de nombreux artistes, tel le graveur Georges Wille qui lui dédie son Sapeur des Gardes Suisses, Louis-Gabriel Monnier, Antoine de Marcennay de Ghuy, mais son principal titre de gloire est son mécénat, que Wille évoque dans son journal : « Il a établi une sorte d’académie dans sa maison. Il s’exerce dans les arts et fait du bien aux jeunes qui marquent de l’inclination pour les talents ».

Le professeur François Devosge lui recommande plusieurs jeunes artistes bourguignons qu’il traite comme ses enfants, et auxquels il donne tous les moyens d’épanouir leur talent : ainsi, Pierre-Paul Prud’hon, qui fait son portrait,  Jean Naigeon (premier conservateur du musée du Luxembourg), Claude Ramey, un sculpteur, partent grâce à lui étudier à Paris.  Il est également le protecteur de Bénigne Gagnereaux et Jean-Baptiste Radet.

Prud’hon Pierre-Paul, Apothéose du baron de Joursanvault, Musée des Beaux-arts de Dijon, inv. 2005-5-1 – source : mba-collections.dijon.fr

 

Franc-maçon, il crée la Loge « La Bienfaisance » en 1777, qui devient sous son impulsion une véritable petite académie. En 1789, sur la recommandation de son ami Dom Grappin, savant bénédictin, il est admis à participer aux travaux diplomatiques de la Chancellerie.

Il meurt prématurément le 27 octobre 1792, laissant inachevées une Méthode du blason et une Méthode de basse pour l’illustration desquelles Pierre-Paul Prud’hon avait gravé plusieurs planches.

Les immenses collections du baron de Joursanvault, d’une valeur inestimable, ont été dispersées après son décès, lors de plusieurs ventes aux enchères. Une exposition réalisée en 1977 par le Musée des Beaux-arts de Beaune a réuni un exceptionnel ensemble de peintures, de dessins, de sculptures, gravures et documents relatifs à son œuvre de mécénat et à son parcours personnel. Le texte ci-dessus est extrait du catalogue de l’exposition qui peut en être consulté aux Archives municipales sous la cote P 95.

Armoiries du baron de Joursanvault, château de Jours-en-Vaux, photo Côte d’Or Tourisme.
Château du baron de Joursanvault, source : site La Maison des Champs cité en bibliographie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources et bibliographie indicatives

Archives Municipales de Beaune

1Ph2 : Historique de la famille Gaignare de Joursanvault et de ses descendants et le château de Joursanvault, rédigé par César Lavirotte, propriétaire du château de Champignolles, recopié par le docteur Santiard, propriétaire du château de Frolois (photocopie).

1Ph40 : Copie de la correspondance du baron Jean-Baptiste Alexandre Geneviève Ganiare de Joursanvault avec Dom Grappin, du 27 mars 1781 au 4 janvier 1791. Elle est particulièrement intéressante pour la période révolutionnaire (photocopie).

1Ph171 : – Acte de mariage de Jean-Baptisge Gaignarre avec Agathe Dambrun le 30 janvier 1786 – Extraits de registre de baptême des enfants de JB Gaignarre de Joursanvault – Acte notarié entre Joseph de Lesval et Alexandre Gaignarre de Joursanvault, fils de Jean-Baptiste, par lequel Joseph de Lesval donne son nom et ses armoiries à Joursanvault, le 7 août 1818 – – Lettre de Gustave Charles Gaignarre de Joursanvault au Ministre de l’Intérieur du 1er avril 1845 concernant son nom. Ensemble de pièces communiquées par M. Bernard LEBLANC (photocopies).

1Ph343 : Correspondance (photocopies)

– Lettres de Madame Guichard de Meinières à son neveu Jean-Baptiste de Joursanvault (1767-1768) – Lettre de Pierre-Paul Prud’hon à Jean-Baptiste de Joursanvault : remerciements pour l’argent envoyé par Joursanvault (23 juin 1780) – Lettre de Bénigne Gagneraux (1756-1796), peintre à Jean-Baptiste de Joursanvault évoquant sa carrière (2 juillet 1782) – Lettre d’Etienne Pierre Adrien Gois, sculpteur à Jean-Baptiste de Joursanvault lui donnant des nouvelles de ses protégés, notamment Naigeon (8 septembre 1783) – Lettre de Jean-Baptiste Peincedé (1741-1820), garde des archives de la Chambre des Comptes à Jean-Baptiste de Joursanvault : renseignements généalogique sur les Sercey, Fontette et Riollet (Dijon, 15 juin 1785) – Parution d’un traité de violoncelle par le baron de Joursanvault.

29 Z 190 : copies de lettres de Gaspard Monge, Prudhon et Joursanvault concernant Jean Naigeon (1757-1832),  peintre, conservateur du Musée du Luxembourg.

45 Z 316 : 4 Lettres de Naigeon à Jean-Baptiste de Joursanvault à propos de son entrée à l’académie de peinture et de celle de Prud’hon, de ses travaux et de la naissance du fils du baron, 1780-1787.

 

Bibliographie 

Catalogue analytique des archives du baron de Joursanvault, vente aux enchères, Paris, Libr. J. Techener, 1838 (en ligne sur gallica.bnf.fr)

Catalogue des tableaux, manuscrits, livres et papiers dépendant de la succession de M. Jules Pautet du Parois et provenant en majeure partie de l’ancienne collection Joursanvault, Beaune, catalogue de vente aux enchères, 1886.

ANGELL (Loys d’), Lettres inédites de l’abbé Nicolas Roze, compositeur bourguignon, ancien bibliothécaire du Conservatoire impérial de musique, au Baron de Joursanvault (1768-1770), Turin, 1920.

Un érudit beaunois au XVIII° s : JB Gagniare baron de Joursanvault, sa vie, son œuvre, son rayonnement, catalogue d’exposition, Ville de Beaune, 1977.

 

Articles publiés par le Centre beaunois d’études historiques :

– « A la mémoire du Baron de Joursanvault », Recueil du CBEH T. 1, 1978

ROPITEAU (Michel) et LEBLANC (Bernard), « Le Baron de Joursanvault » Bulletin CBEH octobre 1987

LOBREAU (Daniel-Paul), « le Baron de Joursanvault et le tremblement de terre de 1783 », Bulletin du CBEH avril 1988

CHEVALLEY (Jacques), « L’an 1789 vécu par trois habitants du pays beaunois », Recueil du CBEH 1989, tome 8

DARCY-BERTULETTI (Yvette), « 1789 et 1790 … deux étés d’insurrection révolutionnaire à Beaune », Recueil du CBEH 2003, tome 21

DOLLINGER (Sonia), « Les classes dirigeantes beaunoises sous la Révolution », Recueil du CBEH 1997, tome 15

LEBLANC (Bernard), « Le baron de Joursanvault », BCBEH, n° 25, 10-1987, pp. 6-8.

 

 

Sites internet

Catalogue analytique des archives de M. le baron de Joursanvault, contenant une précieuse … Gaulle, de

Le site http://www.demeure-joursanvault.com permet d’admirer l’intérieur de l’ancien hôtel particulier du baron de Joursanvault, rue Marey à Beaune.

Le site https://www.lamaisondeschamps.fr est consacré au château de Joursanvault, à quelques kilomètres d’Ivry-en-Montagne (Valmont).

 

 

 

 

 

 

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